Opération «nettoyage» chez Baseball Canada

Foi du nouveau président Jean Boulais, un ménage s’impose chez Baseball Canada et vise d’abord la gouvernance de la fédération.

« Avant qu’on me demande de nettoyer la maison, je vais commencer à la nettoyer moi-même », illustre ainsi Boulais, élu président en novembre dernier.

Le tsunami qui a secoué Hockey Canada, en 2022, aura forcé bien des fédérations sportives à revoir leur façon de fonctionner. Si le ménage à faire chez Baseball Canada n’a rien à voir avec la grande corvée entreprise au sein de l’organisation nationale gérant le hockey à la suite de scandales sexuels, d’importantes améliorations sont au programme.

Jean Boulais

Crédit photo : PHOTO FOURNIE PAR BASEBALL CANADA

« En ce moment, quand on regarde la composition du comité des directeurs formant le conseil d’administration, on n’a pas d’équité, de diversité, rien de tout cela, dénonce vivement le nouveau président de 66 ans. Déjà, ça me chicotait depuis un bout, mais je n’avais pas l’autorité d’agir. »

Système à changer

Concrètement, un groupe se met en place ces jours-ci afin d’établir des recommandations pour Baseball Canada. Me Benoît Girardin, avocat spécialisé en droit du sport, agira notamment comme consultant.

Non seulement une parité entre les hommes et les femmes est désormais souhaitée sur le conseil d’administration, mais on veut
changer complètement le système en place en excluant du comité décisionnel les présidents de chaque fédération provinciale de baseball. Ceux-ci seraient toujours écoutés, mais n’auraient plus à trancher sur les grandes orientations.

« Avec les présidents de chaque province au sein du comité, il y a un peu un conflit d’intérêts, résume Boulais, expliquant que certains tirent naturellement la couverture de leur côté. Ce n’est pas nécessairement sain pour une organisation. »

Évidemment, le plan stratégique de Boulais, ponctué de nombreux changements, n’est pas sans déranger. Il estime toutefois que Baseball Canada, dont le chef de la direction demeure Jason Dickson, doit arriver en 2023.

« Pour diriger une fédération sportive, tu n’as pas besoin sur ton comité [d’avoir] exclusivement des personnes ayant déjà joué à ce sport », mentionne au passage Boulais, qui souhaite faire appel à des experts et expertes de différents domaines.

Femmes et autochtones

Parmi les autres dossiers que Boulais aimerait voir progresser durant l’année 2023, il vise la valorisation du baseball chez les femmes à l’échelle nationale et la promotion du sport au sein des communautés autochtones. Il parle même de se rendre au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut pour enseigner le « Baseball 5 », un dérivé du sport pouvant se pratiquer à l’intérieur, avec seulement cinq joueurs par équipe.

« J’ai toujours aimé planter ma semence, puis arroser une fois de temps en temps », indique Boulais qui, au Québec, a largement contribué à la popularité du sport chez les filles.

Et est-ce que le développement de l’élite demeure une priorité ? La question se pose… Rappelons que l’équipe masculine canadienne n’a pas réussi à se classer pour la prochaine Coupe du monde des 18 ans et moins, ayant été devancée par les États-Unis, le Panama, le Mexique et le Venezuela lors des qualifications tenues en novembre dernier.

« Ça va moins bien chez les garçons, reconnaît le président, notant que le Canada occupe désormais le 14e rang mondial. Chez les filles, on se retrouve en troisième position [derrière le Japon et Taïwan]. »

Les changements à venir chez Baseball Canada ne sont pas étrangers à la publication du nouveau Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (CCUMS). D’abord publié en 2019, le Code a été l’objet d’une mise à jour en 2022 par le Centre de règlement des différends sportifs du Canada. 

Le document vise à établir les règles que doivent adopter les organismes de sport qui reçoivent du financement du gouvernement du Canada. L’objectif : maintenir une culture respectueuse offrant « des expériences sportives de qualité, inclusives, accessibles, accueillantes et sécuritaires ». 

Un Québécois désormais à la présidence 

Né à Montréal et résident de la région des Outaouais depuis environ 50 ans, Jean Boulais est un amoureux de baseball depuis de nombreuses années. Bien avant d’accéder à la présidence de Baseball Canada, il se souvient de ces matchs des Expos, au parc Jarry, où adolescent, il venait encourager Rusty Staub.

« J’avais ma carte de Jonesville, au champ gauche », précise l’homme de 66 ans, rappelant la section ainsi surnommée après un circuit frappé par Mack Jones au premier match de l’histoire des Expos disputé à domicile.

Petite fierté

Avant de se joindre à Baseball Canada, où il a aussi été vice-président de 2020 à 2022, Boulais a longtemps œuvré au sein de Baseball Québec. Il en a d’ailleurs été le président pendant une douzaine d’années, à compter de 2008. Son nouveau mandat à la présidence de Baseball Canada durera au moins deux ans, lui qui a été appelé à remplacer le Britanno-Colombien Chris Balison après sa démission.

« J’ai une petite fierté de venir du Québec et d’être président de Baseball Canada, a avoué Boulais. Je peux enfin influencer vraiment ce qui se passe au pays. »

Premier depuis Bélec

Boulais a été élu le 13e président de l’histoire de Baseball Canada, en novembre dernier à Edmonton, après un vote tenu auprès des présidents des différentes fédérations provinciales dans le cadre de la convention d’automne.

Le plus récent Québécois ayant occupé ce poste était le défunt Richard Bélec, de 1994 à 1996. Un seul autre représentant du Québec avait précédemment été président de Baseball Canada, soit Jean-Robert Nolet (1973-1974).