P.K. Subban n’a pas rempli sa promesse pour les enfants malades

Questionné depuis une dizaine de jours par notre Bureau d’enquête sur sa promesse d’amasser 10 M$ en sept ans au profit de l’Hôpital de Montréal pour enfants, P.K. Subban a admis jeudi qu’il n’était pas parvenu à remplir cet engagement.

L’annonce avait été faite en grande pompe en septembre 2015. Il s’agissait, selon la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants, du «plus grand engagement philanthropique jamais effectué par un athlète professionnel au Canada».

Encore à ce jour, sept ans et demi plus tard, on peut lire ceci sur le site web officiel de l’athlète: «En Septembre 2015, P.K. Subban a fait don de 10 millions de $ à l’hôpital pour enfants de Montréal.»

Or, l’ex-défenseur étoile du Canadien de Montréal a indiqué jeudi dans un communiqué de presse que 6,3 M$ ont été versés. La majorité de cette somme provient du public, et non du défenseur lui-même.

Question de confiance

Personne ne doute du dévouement de P.K. Subban. Il a bel et bien participé à plusieurs campagnes de financement et rencontres avec des jeunes patients.

Mais plusieurs experts relèvent un manque de transparence dans la façon dont la promesse a été présentée publiquement.

«P.K. Subban c’est quelqu’un qui a signé un contrat de 72 M$ sur 8 ans. Avec les écarts de richesse, quand on voit des promesses de dons comme ça, c’est important qu’on puisse avoir confiance que ces choses-là vont se réaliser», estime Brigitte Alepin, fiscaliste et professeure à l’Université du Québec en Outaouais.

P.K Subban blâme la pandémie de COVID-19 pour expliquer cet écart, et se donne jusqu’en 2025 pour amasser la somme promise. «Je suis fier de ce que nous avons accompli ensemble jusqu’à présent, et ce n’est pas fini», a assuré l’athlète par communiqué.

Crédit photo : JOEL LEMAY/AGENCE QMI

Transparence

Au cours des derniers jours, ni Subban ni la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants n’ont voulu dire combien il avait personnellement remis. Chose certaine, dans les rapports annuels de la fondation de l’Hôpital, son nom ne se trouve pas dans la catégorie de ceux qui ont donné cumulativement plus d’un million depuis 1995.

Impossible aussi de savoir combien d’argent du public a transité par la Fondation P.K. Subban, et quelle somme a été remise directement par les donateurs à la Fondation de l’hôpital.

«Pour fonctionner dans l’arène publique, il faut avoir des normes de transparence. Celles de l’Hôpital de Montréal pour enfants manquent de transparence, ce qui est un péché capital pour une fondation. Il y a matière à réflexion», croit Christian Desîlets, professeur de publicité sociale à l’Université Laval et spécialiste des causes sociales.