Patinage de vitesse courte piste : une relève qui épate

«Moi, à 16 ans, j’étais encore dans mon club à Sainte-Julie. Je commençais à percer au niveau québécois et à faire ma place dans les compétitions provinciales. Lui? Il est rendu sur l’équipe nationale!»

La comparaison de Charles Hamelin, un des plus grands patineurs sur courte piste de l’histoire, en dit long sur l’ascension de Mathieu Pelletier. La jeune recrue fera ses débuts en Coupe du monde cette fin de semaine, à Montréal, tout comme Félix Roussel, qui donnera aussi ses premiers coups de patin dans le circuit.

Pelletier est le plus jeune patineur masculin à se tailler un poste au sein de l’équipe des Coupes du monde depuis Steve Robillard, en 1999, qui était alors âgé de 15 ans.

Arrivé au sein de l’équipe de développement en mai seulement, le Lavallois en a impressionné plus d’un lors des Championnats canadiens. L’entraîneur Sébastien Cros, lui, reconnaissait toutefois le savoir-faire de son protégé avant la tenue des sélections.

«Cet été, on voyait Mathieu aller à l’entraînement et on se disait bien qu’il avait le potentiel de se classer. Après, c’est autre chose de réussir à le faire. Ce n’est pas toujours évident et il a réussi à concrétiser tout ça», a expliqué fièrement l’entraîneur, qui s’est aussi dit ravi par les performances de Félix Roussel.

Le Sherbrookois de 21 ans a surtout agi comme partenaire d’entraînement de l’équipe féminine au cours des derniers mois. Il était donc plus difficile pour le personnel de l’équipe nationale de l’évaluer.

«Il s’était moins entraîné avec les gars et on l’avait moins vu en situation de course avec eux. On savait que c’était une possibilité et qu’il en était capable, mais c’était un peu plus une surprise pour nous», a reconnu Sébastien Cros.

Ne côtoyant plus les athlètes jour après jour comme ce fut le cas pendant deux décennies, Charles Hamelin était de ceux plus surpris par l’éclosion de Pelletier et de Roussel. C’est bon signe, selon le sextuple médaillé olympique, qu’il y ait de nouveaux visages pour «chauffer la couenne» des vétérans.

Il ne serait d’ailleurs pas étonné de les voir épater la galerie cette fin de semaine avec des performances à couper le souffle, que les autres compétiteurs n’auront jamais soupçonnées.

«Les jeunes ont faim et ont envie de montrer ce qu’ils sont capables de faire sur la glace ! Les plus vieux vont devoir continuer de se développer et s’adapter, comme je l’ai fait pendant 20 ans. Si j’avais été le même Charles Hamelin qu’en 2006, je ne me serais jamais retrouvé aux mondiaux en 2022 avec ma fille dans les bras. Je n’ai aucune crainte pour les gars, ils sont bien outillés pour le faire.»

Idole de jeunesse

Quelques mois après avoir accroché ses patins, Hamelin continue de jouer un rôle de mentor auprès de la relève. Au terme des Championnats canadiens, il a tenu à écrire à Félix Roussel pour le féliciter et l’encourager à persévérer. Un geste hautement significatif pour celui qui a commencé à patiner après avoir vu « la Locomotive de Sainte-Julie » triompher aux Jeux olympiques de Vancouver.

«C’est spécial, c’était mon idole quand j’étais plus jeune, alors j’étais vraiment content. J’ai eu la chance de patiner avec lui à sa dernière saison et il continue d’être dans l’entourage de l’équipe. Ça représente beaucoup pour moi d’avoir droit à sa reconnaissance», a admis Roussel.

Rien de plus normal pour Charles Hamelin, qui souhaitera toujours être présent pour les patineurs de vitesse et les soutenir au besoin, même s’il n’est pas près de s’habituer à se rendre à l’aréna sans son uniforme.

«Félix, j’ai commencé à le connaître au cours des dernières saisons et je savais que ça s’en venait pour lui. Il fallait juste qu’il se fasse confiance. D’une certaine façon, mon rôle est de faire en sorte qu’il comprenne qu’il s’en va dans la bonne direction et qu’il fait les bons choix pour se donner la chance de connaître du succès.»

Les deux côtés de la médaille

Entamer une carrière internationale devant les partisans québécois n’a pas le même effet pour les deux étoiles montantes.

Félix Roussel se serait passé de cette nervosité supplémentaire, lui qui espère faire bonne figure devant parents et amis.

«J’aurais peut-être préféré commencer ailleurs, découvrir le circuit et arriver plus préparé à Montréal. Ça ajoute un petit stress, mais je suis quand même très excité et j’ai hâte de me comparer aux meilleurs au monde», a partagé celui qui prendra part au 1000 m et au 1500 m.

Pour Mathieu Pelletier, il n’existe pas de meilleur endroit au monde pour briser la glace. L’environnement familier de l’aréna Maurice-Richard ne lui demandera pas beaucoup d’adaptation et il pourra se concentrer plus aisément sur ses courses du 500 m et du 1000 m.

«C’est un petit rêve que tout ça se fasse à Montréal, toute la famille va être là ! C’est mieux ainsi, j’ai plus de repères et on va y aller graduellement. Je n’ai jamais fait de compétitions à l’extérieur du Canada, alors ça aurait été un choc de commencer en Asie.»

Ils pourront compter sur leurs coéquipiers – champions olympiques – pour les guider vers le droit chemin. Steven Dubois, Pascal Dion, Maxime Laoun et Jordan Pierre-Gilles seront tous en action à cette première Coupe du monde du calendrier 2022-2023.

«On avait déjà partagé la glace avec eux, ce sont de bons coéquipiers et ils nous aident vraiment. Ce sont un peu comme des coachs supplémentaires !» a lancé Roussel.

«Ils jouent un rôle important, j’ai plein de choses à apprendre ! Ils m’ont vite inclus dans le groupe et ce sont mes meilleurs entraînements. J’ai vraiment du plaisir avec eux», a renchéri Pelletier.

La Coupe du monde de Montréal aura lieu de vendredi à dimanche. Du côté féminin, les Québécoises Kim Boutin, Danaé Blais et Claudia Gagnon seront en action.