Prêt à rebondir, Gianni Fairbrother n’en veut pas aux médecins des Canadiens – TVA Sports

L’ancien personnel médical des Canadiens de Montréal a-t-il géré de façon impeccable le dossier de l’ex-espoir Gianni Fairbrother? Bien que des doutes peuvent être soulevés, le principal intéressé ne voit aucun coupable.

Camp de développement du CH, 2022. Fairbrother ressent une douleur dans un ses genoux. Les médecins de l’équipe jettent un coup d’œil et observent ce qui semble être une petite déchirure. Le plan de match? Laisser le temps et la physiothérapie faire son œuvre au cours de l’été. 

Le pire scenario envisageable est survenu lors d’un match préparatoire du Rocket à l’automne : déchirure complète du ligament croisé antérieur. 

«Nous avions l’impression que tout serait correct, a expliqué l’ex-espoir des Canadiens de Montréal envoyé à l’Avalanche du Colorado cet été dans l’échange d’Alex Newhook. On n’arrivait pas à déterminer si la petite déchirure initiale était survenue il y a quelque temps ou si elle était récente. Je ne pense pas que l’on peut faire porter le blâme à qui que ce soit. Évidemment, j’aurais préféré que les choses se passent d’une autre façon.»

Le personnel médical du CH, on le sait, s’est retrouvé sous les feux de la rampe dans les deux dernières années. Aucune équipe n’a vu ses joueurs rater plus de matchs en raison de blessures la saison dernière; on parle de 751 matchs contre 596 pour les Maple Leafs de Toronto au deuxième rang. Et la saison précédente, même refrain : premier rang de la ligue avec 731 matchs «perdus» en raison de blessures. Ce personnel tel qu’on le connaissait a changé de visage pour les raisons susmentionnées; le Tricolore a revampé son département médical au cours de l’été

Bien que Fairbrother se montre diplomate, il est plus difficile, à la lumière de ces données, d’accorder le bénéficie du doute aux employés de l’ancien régime médical. Pour ce que ça vaut, selon l’Association américaine de chirurgie orthopédique, le pronostic pour une déchirure partielle du ligament croisé antérieur est souvent encourageant, avec une guérison possible sans intervention chirurgicale au bout d’une période de récupération et de réhabilitation d’au moins trois mois. Avec un suivi clinique étroit, la physiothérapie apparait alors raisonnable. 

Revenir en force

L’important pour Fairbrother, c’est qu’il se sent bien maintenant, et ce, depuis le mois de mars. Il a pris part au camp de développement de l’Avalanche et il patine ces jours-ci dans sa ville natale de Vancouver afin de préparer son retour au jeu après une année complète d’inactivité. 

Fairbrother dit avoir retrouvé le niveau qu’il avait avant les blessures. Des blessures, il y en a eu plusieurs : au genou, au poignet, aux ischiojambiers, si bien qu’à 22 ans, il n’a même pas joué 30 matchs dans la Ligue américaine. 

L’ancienne direction du Tricolore tenait Fairbrother en haute estime. Elle l’a repêché au troisième tour et voyait en lui un défenseur robuste avec un coup de patin fluide, doté d’un bon tir, pouvant avoir un impact dans les deux sens de la patinoire. Les membres de la presse et experts ayant suivi le Rocket en 2021-2022 vous diront d’ailleurs que Fairbrother a été l’un des meilleurs défenseurs du club dans un petit échantillon de matchs, malgré des statistiques modestes (7 points en 25 matchs, -14).

Fairbrother croit pouvoir mettre des points au tableau. 

«Même si on parle d’un petit échantillon, je sentais dans la Ligue américaine que je pouvais jouer de la même façon que dans le junior [dans la WHL]. Quand j’ai pris mes aises, je me sentais solide sur la patinoire et en confiance. J’aime vraiment le joueur que je suis quand je joue avec confiance. Oui, mon jeu défensif est ma priorité, mais je suis en mesure de contribuer en zone offensive grâce à mon coup de patin et mes aptitudes avec la rondelle.»

Fairbrother pourrait en vouloir aux Canadiens d’avoir démissionné sur lui sans qu’il n’ait jamais eu une véritable chance de se faire valoir. 

Il comprend très bien comment les affaires fonctionnent, au hockey. 

«Tu regardes le nombre de défenseurs dans l’organisation et c’était évident que quelqu’un allait être échangé, a sagement observé le principal intéressé. Avec tous ces jeunes joueurs qui s’en viennent, j’ignorais ce qui allait arriver. Ayant joué si peu de matchs, je te dirais que je ne savais même pas si une équipe voudrait de moi.

«Je ne peux pas être amer envers les Canadiens. C’est l’ancienne direction qui m’avait repêché après tout. Les nouvelles personnes en place ont un travail à faire.»

Lorsque l’échange de Newhook a été annoncé sur les réseaux sociaux, l’inclusion de Fairbrother a fait glousser de rire quelques partisans. Avec son nom rigolo, combiné au fait qu’il est tombé dans l’oubli en raison des blessures, il devenait l’exemple parfait d’élément aléatoire (“throw-in”) qu’on lance dans la pile pour ficeler la transaction. 

«Chacun son opinion, a répondu Fairbrother avec un sourire espiègle dans la voix. Les partisans sont passionnés et ils ne se gênent pas pour exprimer ce qui traverse leur esprit. J’espère pouvoir faire mentir ces partisans et prouver que je n’étais pas un simple “throw-in”. Le temps nous le dira.»

C’est juste.