Thomas Grégoire rêve à la LNH – TVA Sports
Thomas Grégoire n’a jamais été repêché dans la Ligue nationale de hockey. Il n’est pas le plus imposant à 5 pieds 10 pouces. Jamais rappelé lors de ses deux saisons dans la Ligue américaine, il s’est exilé en Europe.
Mais à 25 ans, le rêve de jouer dans la LNH est toujours bien vivant pour le Sherbrookois.
Sans tambour ni trompette, Grégoire – frère de Jérémy, l’ex-espoir des Canadiens de Montréal – s’est établi comme l’un des meilleurs défenseurs offensifs du Vieux Continent dans les deux dernières années.
En 2022-2023, il a terminé la saison au premier rang des pointeurs de son club, le Lukko Rauma, en Liiga finlandaise avec 44 points, dont 13 buts, en 57 matchs, en plus d’un différentiel de +23.
Charmé par son savoir-faire en avantage numérique, le club de Rögle, l’une des organisations les plus réputées de la Ligue suédoise (SHL) l’a recruté. Grégoire amorce cette année une première saison en Suède, lui qui a ouvert son compteur avec une aide contre Malmö lors du match d’ouverture locale.
La décision de se tourner vers un nouveau défi, la SHL, allait de soi pour le principal intéressé.
«À 25 ans, j’ai encore beaucoup de hockey devant moi et je rêve encore à la Ligue nationale. Je veux revenir en Amérique du Nord et arriver par la grande porte, a-t-il expliqué au TVASports.ca. Je me suis demandé ce qui était le mieux pour moi entre la Suisse et la Suède.
«Au bout de ma réflexion avec mon agent Nick Riopel, je voyais davantage la Suisse comme une ligue dans laquelle on s’installe après une carrière dans la LNH et la SHL comme une ligue dans laquelle on pousse pour monter. Les recruteurs regardent pas mal plus dans cette ligue-là.»
Bien que la Liiga et la SHL se ressemblent, il note déjà certaines différences dans le type de hockey disputé.
«Dans la Liiga, ça jouait la trappe, ça jouait défensif, a mentionné Grégoire. Ici, c’est un peu semblable, parce que la première pensée, c’est très défensif, mais le jeu est beaucoup plus rapide. Il y a beaucoup moins de trappe. C’est un peu plus nord-américain, tu peux domper la rondelle dans le fond.
«En Finlande, quand il n’y avait pas d’options, tu revenais sur tes pas.»
Au final, il y a tout de même des ressemblances. Or, entre la SHL et la Ligue américaine, il y a un monde de différences, à commencer par des camps d’entraînement beaucoup plus longs. Celui de Rögle, par exemple, a duré deux mois.
«Ici, il n’y a pas de règlements en ce qui a trait aux séances d’entraînement. Dans la Ligue américaine, c’était trois heures maximum à l’aréna. Là, on peut pratiquer matin, souper, après-midi… »
Et lors du match d’ouverture locale de Rögle, on était loin de l’ambiance morne d’une rencontre du Barracuda de San Jose.
«C’est incroyable, s’est exclamé Grégoire. Leur chanson avant le match a de quoi donner des frissons. Les partisans de Rögle sont pas mal les meilleurs de la Ligue suédoise.»
Dans son nouveau milieu de travail, Grégoire s’est rapidement lié d’amitié avec un ancien porte-couleurs des Canadiens, Brandon Davidson, son co-chambreur.
«L’une des premières choses dont je lui ai parlées, c’est Montréal, a-t-il raconté. Il a vraiment aimé la ville et l’aréna. Cest sûr qu’à Montréal, quand ça va un peu moins bien, tu passes de héros à zéro assez vite et c’est plus tough. Mais il a vraiment apprécié tout ce qui l’organisation, les installations et la ville.»
Développement en Europe: une autre mentalité
En Europe, les gros clubs professionnels prêchent par la prudence et la patience dans le développement des jeunes joueurs. Grégoire a pu témoigner de cette réalité au fil des ans.
La preuve la plus probante, c’est qu’il n’a pu fournir un rapport très détaillé lorsqu’on lui a demandé une évaluation du jeu de Juraj Slafkovsky, qu’il a affronté dans la Liiga.
«Honnêtement, on ne l’a pas tant vu dans la Liiga l’année de son repêchage, a expliqué candidement le défenseur québécois. Il avait été super bon aux Olympiques avec la Slovaquie, mais dans la Liiga, il jouait moins. Ces gars-là sont super jeunes et les clubs ne veulent pas les brûler. Ils ne les utilisent pas beaucoup. C’est ça qui est difficile.
«Tu voyais que Slaf était un gros bonhomme. Il patinait, il était fort, il était puissant. J’ai même été surpris quand j’ai appris qu’il était jeune de même, je ne savais pas. Au final, le développement en Amérique du Nord et en Europe, ce sont deux mondes différents.»
Même si Rögle a la réputation de donner aux jeunes une plus grande chance de se faire valoir au sein de la SHL, le club n’échappe pas à cette tendance.
«On a un joueur ici de 18 ans, repêché au deuxième tour par les Predators de Nashville en 2023. Il joue sur le troisième trio, mais il a du talent au boutte. Tu le vois dans les entraînements, il a du talent, il a des mains. Je ne suis pas inquiet pour lui.»