Un ancien de la LHJMQ prend sa retraite à 50 ans
Le hockey français a vu son «Jaromir Jagr» prendre sa retraite il y a quelques semaines. À 50 ans, l’attaquant Richard Aimonetto, un ancien de la LHJMQ, a effectué son dernier tour de piste avec Mont-Blanc, une formation de première division.
Il peut mettre son nom aux côtés de ceux de Gordie Howe et Jaromir Jagr, qui ont évolué dans une ligue professionnelle au même âge. Une longévité comme on en voit rarement aujourd’hui.
«Je voulais finir avec un chiffre rond. Je voulais partir la tête haute, a indiqué Richard Aimonetto à propos de sa carrière de 30 ans chez les professionnels. Je ne pensais jamais de jouer jusqu’à l’âge de 50 ans.
«On m’a souvent dit de profiter de chaque moment parce que ça passe très vite. À 32 ans, où plusieurs joueurs prennent leur retraite, je me sentais bien et j’ai décidé de continuer.
«Je ne me suis jamais donné de règle afin de savoir quand ma carrière allait se terminer. Ça se passe surtout dans la tête. Quand tu joues pour le plaisir, ça vient naturellement.
«Il n’y a pas un matin où je me suis levé où je voyais un entraînement ou un match comme un boulot.»
Chez les professionnels, il a disputé 20 saisons dans la Ligue Magnus, dont 12 avec Chamonix. Par la suite, il a passé ses 10 dernières saisons en carrière avec Mont-Blanc en première division. À sa dernière saison, le joueur de centre a amassé 12 points en 26 rencontres.
Un coup de cœur
C’est possible que le nom d’Aimonetto dise quelque chose aux amateurs du Québec. C’est normal.
Tout a commencé avec sa participation au Tournoi pee-wee de Québec. Ça lui a donné l’envie de revenir dans la Belle Province quelques années plus tard.
«J’étais fasciné par la LNH. À 16 ans, j’ai contacté Hockey Québec pour avoir une invitation à un camp midget AAA. J’ai fait cette démarche dans le dos de mes parents.
«J’ai obtenu un essai avec le club de Montréal-Bourassa. J’ai fait le camp et ça a fonctionné.»
En 1989, c’était rare de voir un Européen débarquer au Québec. L’accueil avait été plutôt glacial de la part des autres joueurs.
«J’étais mal perçu. On m’appelait le maudit Français. J’ai eu le droit à tous les noms parce que je prenais la place d’un Québécois. Après avoir obtenu ma place, tout le monde a été sympa avec moi.»
Habitué aux grandes patinoires, Aimonetto a eu besoin de quelques semaines pour s’adapter au jeu nord-américain.
«J’en ai bavé au début. Le jeu physique, ça n’existait pas en France. Nous étions plus techniques. Je n’ai pas eu le choix de me développer en faisant de la musculation.
«J’étais simplement heureux d’être dans le berceau du hockey.»
Heureux comme un pape
Lorsqu’il passe son parcours en revue, Aimonetto estime qu’il a vécu son plus beau souvenir en sol québécois.
«Mon plus beau moment est d’avoir été repêché par les Tigres de Victoriaville (septième tour, 83e au total), a expliqué le nouveau retraité. C’était tout nouveau. C’était le stress de me faire repêcher.
«Lorsque j’ai mis le chandail des Tigres pour la première fois, j’étais heureux comme un pape! C’était fantastique!»
Après une saison et quelques matchs, il est échangé aux Lynx de Saint-Jean. À sa deuxième saison avec cette équipe, il a subi une blessure importante à un genou.
«Ça a cassé mon rythme de croisière et je n’ai pas été capable de retrouver mon niveau. À 20 ans, je suis en France pour amorcer ma carrière professionnelle.»
Richard Aimonetto n’a pas atteint son objectif de faire carrière en Amérique du Nord. Toutefois, il a réussi à faire un long parcours et à le terminer avec la tête haute.
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Aimonetto a marqué Bouchard
À son arrivée au camp midget AAA de Montréal-Bourassa, Richard Aimonetto s’est rapidement lié d’amitié avec Joël Bouchard.
«Ils étaient deux Français, dont Richard, à notre camp, a raconté Bouchard. Ils étaient un peu sur leur île déserte.
«Comme je suis un gars inclusif, j’ai décidé d’aller les voir. Nous sommes devenus amis. Richard était une bonne personne avec des bonnes valeurs. Je posais plein de questions sur la France.»
Bouchard trouvait Aimonetto courageux de traverser l’Atlantique pour tenter sa chance dans le hockey nord-américain.
«Je le trouvais hot de faire une telle démarche. C’était une démarche de passion. Il jugeait que le meilleur chemin pour lui passait par ici.
«C’était un grand joueur avec beaucoup de talent. Il venait apprendre le côté physique. Il n’était pas peureux.»
Aimonetto ne s’était pas fait d’amis au sein de la Fédération française de hockey sur glace à l’époque. En raison de sa décision audacieuse, il n’avait pas pu participer au Championnat du monde de hockey junior. Sa fédération l’avait rayé de la liste.
«Ce n’était pas normal. C’était un peu cowboy dans le temps. Les fédérations nationales étaient fâchées de voir leurs joueurs tenter leur chance ailleurs.»
Un style de jeu différent
Sans se souvenir d’une anecdote en particulier, Bouchard se souvient bien des premiers matchs d’Aimonetto dans le midget AAA.
«Il avait un style de jeu différent des autres. C’était évident, mais on voyait aussi le talent, a mentionné Bouchard. On voyait qu’il avait joué ailleurs dans un autre calibre.
«Il n’abandonnait pas dans toutes les situations. Il avait prouvé qu’il était capable de faire l’équipe avec ses performances sur la glace.
«Il avait mérité son temps de glace et sa sélection par Victoriaville au repêchage.»
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Initiations LHJMQ : les vétérans l’avaient laissé tranquille
Le dossier des initiations dans la LHJMQ continue de faire couler beaucoup d’encre. Pour Richard Aimonetto, les limites n’ont jamais été franchies.
Lors de son arrivée au camp midget AAA du Montréal-Bourassa avec son compatriote, le joueur de centre s’est fait invectiver par les autres joueurs.
De voir un Européen n’était pas commun dans le temps. Il était vu comme un voleur de poste. Toutefois, ça n’est jamais allé plus loin dans son cas.
Après avoir été repêché par les Tigres de Victoriaville, le Français a goûté à son premier camp dans la LHJMQ. Il se ne rappelle pas d’incident particulier avec les recrues.
«Je me rappelle seulement que j’avais dû me battre trois fois, a souligné Aimonetto. Par chance, je ne suis pas tombé. Pour moi, c’était une première. Je ne m’étais jamais battu auparavant.»
Respecté par les vétérans
Aimonetto avait assez impressionné les entraîneurs de la formation des Bois-Francs pour obtenir une place. À l’époque, c’est Gilbert Perreault qui était à la tête de l’équipe.
Malgré cette excellente nouvelle, l’attaquant a eu la tête tranquille au sujet des initiations.
«J’étais toujours comme protégé, a raconté Aimonetto. Je ne buvais pas donc on ne m’embêtait pas.»
Il a également évolué avec les Lynx de Saint-Jean et les Cataractes de Shawinigan dans la LHJMQ. Il ne se souvient pas d’avoir vu d’événements disgracieux.
Ces athlètes qui ont repoussé les limites de la retraite
Hockey
- Gordie Howe (52 ans)
- Jaromir Jagr (51 ans)
Baseball
- Satchel Paige (59 ans)
- Minnie Minoso (56 ans)
- Jim O’Rourke (54 ans)
Basketball
- Nancy Lieberman (50 ans)
Cyclisme
- Jeannie Longo (55 ans)