Un coéquipier québécois de Reinbacher lance un cri du cœur aux partisans montréalais – TVA Sports

Le Québécois Éric Faille évolue depuis deux ans en Suisse avec David Reinbacher dans l’organisation de Kloten. Jusqu’ici, il avait refusé pratiquement toutes les demandes des médias qui voulaient sonder son avis sur le potentiel défenseur. 

Il s’est ravisé quand Reinbacher a été choisi au cinquième rang par les Canadiens de Montréal, mercredi. Il a été témoin d’une vague de réactions négatives de partisans déçus, qui n’étaient pas prêts à laisser la chance au coureur, trop débinés d’avoir vu Kent Hughes lever le nez sur Matvei Michkov. 

«J’espère que le monde à Montréal va se calmer un peu et va apprécier un peu David pour le joueur qu’il est, a souhaité Faille en entrevue avec le TVASports.ca. J’espère que les partisans vont voir le big picture, le joueur qu’il peut devenir. C’est juste plate de voir un jeune de même se faire repêcher à Montréal et recevoir ce genre de réactions…» 

Reinbacher n’est pas Michkov. Deux joueurs ne pourraient être plus différents. Mais à sa façon, il est un espoir avec un très haut potentiel, a rappelé Faille. 

Cet Autrichien n’était à peu près pas sur le radar des équipes de la Ligue nationale l’année dernière. Son ascension a été fulgurante et rien n’indique qu’elle est sur le point de s’interrompre. 

«C’est un joueur tellement sous-estimé, a souligné Faille, ancien porte-couleurs du Titan d’Acadie-Bathurst et des Marlies de Toronto, notamment. Il vient de loin : on parle d’un gars que les gens voyaient sortir autour du troisième tour l’an passé. Le voilà cinquième au total. Je l’ai côtoyé dans les deux dernières années et j’ai vu une progression incroyable. À 17-18 ans, il jouait contre des hommes et c’était notre meilleur défenseur. Dans mon livre à moi, les Canadiens ne se sont pas trompés avec leur choix.»

Au fur et à mesure que Reinbacher relevait les défis lancés en sa direction, le personnel de Kloten augmentait ses responsabilités. Le manège s’est poursuivi toute l’année. Reinbacher en demandait toujours plus. 

«Toute l’année, il prenait un step, il prenait un step, il prenait un step, a illustré Faille. On le feedait, on le feedait, on le feedait et il en voulait toujours plus.»

Les principales critiques dirigées à l’endroit de Reinbacher tournent autour de son potentiel; certains doutent de ses habiletés offensives. 

«C’est lui qui pilotait notre avantage numérique à 18 ans, a répliqué Faille du tac au tac lorsque confronté à ces craintes. Contre des hommes, dans une des meilleures ligues en Europe. Son potentiel offensif, il est là. Il a quand même un flair.»

La jungle montréalaise

Le mariage entre Reinbacher et les Canadiens est plutôt abrupt s’il n’en tient qu’à l’accueil mitigé que les partisans lui réservent. 

Certains observateurs ont aussi exprimé des inquiétudes à l’égard de la personnalité timide du jeune homme, qui pourrait être malmené dans un marché aussi exigeant que Montréal. 

Reinbacher a eu un avant-goût de ce que tout le cirque montréalais représentait lorsque l’excellent collègue Anthony Martineau a candidement avoué à Jean-Charles Lajoie sur les ondes de TVA Sports qu’il n’avait pas été impressionné par le jeune homme durant son entretien avec lui au «Combine». 

Faille a eu une petite discussion avec son coéquipier à ce sujet. 

«Je lui ai dit : “Le gros, c’est comme ça à Montréal. Il va falloir que tu mettes ça de côté. Travaille sur la glace et ils vont être de ton bord.”»

Reinbacher est timide. Réservé. Soit. Mais il est un homme à ses affaires et il ne devrait pas se laisser distraire dans la grande métropole québécoise.

«Il est très, très humble, a mentionné Faille. C’est un gars terre-à-terre, il ne va pas se prendre pour un autre. Il met sa casquette et il travaille fort. Il est humble, mais il est confiant sur glace.»

Il y a en quelque sorte un parallèle à faire avec l’homme qui a annoncé la sélection de Reinbacher au cinquième rang. 

«Carey Price, ce n’est pas le gars le plus flamboyant en dehors de la patinoire, mais sur la glace, il faisait la job et il n’y en a pas un qui a dit un mot», a fait valoir le coéquipier du défenseur autrichien. 

Souvent, une simple anecdote peut vous donner une image très complète de la personnalité d’un joueur. Nous sommes allés à la pêche pour mieux connaître le tout nouveau membre de l’organisation du Tricolore. Hélas. 

«La seule que j’ai, c’est quand on a gagné le championnat en deuxième division l’an passé… et je vais la garder pour moi (rires).»