Un jeune hockeyeur continue de vivre son rêve malgré un grave accident – TVA Sports
Un bras, deux jambes, deux chevilles et la colonne vertébrale fracturés : la vie du jeune hockeyeur Vincent Boily a été bouleversée le 26 décembre 2017. Plus de cinq ans plus tard, son terrible accident de motoneige n’a pas affecté sa résilience pour autant.
C’est un refrain que connaissent par cœur les Québécois: baignant dans le hockey depuis ses 4 ans, Vincent Boily n’a toujours eu qu’un objectif en tête. Il voulait gagner sa vie sur la patinoire, coûte que coûte.
«Dans ma carrière de hockey, j’ai juste eu droit à des refus, a-t-il raconté au bout du fil, évoquant son petit gabarit. J’étais toujours le dernier coupé. Ç’a forgé mon caractère et je travaillais plus fort pour prouver aux gens qu’ils avaient tort.»
Le jeune Montréalais a donc mangé son pain noir et en a suffisamment fait avec les Vikings de Saint-Eustache, au niveau M18 AAA, pour convaincre l’Océanic de Rimouski de lui offrir un contrat.
Suivre certains de ses coéquipiers et amis dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec était son rêve, l’objectif qu’il s’était fixé depuis des années.
Mais la vie en a décidé autrement. Une visite du temps des Fêtes auprès de sa famille au Lac-Saint-Jean a viré au cauchemar lorsqu’il a décidé de fouler les sentiers au volant d’une motoneige avec son parrain.
«Un accident banal»
D’une sagesse qui trahit son âge, Vincent Boily ne se défile pas : il allait «peut-être un peu trop vite» à bord de son bolide hivernal, quelques instants avant un accident qu’il décrit comme «banal».
Il a simplement dérapé sur la piste glacée et a terminé sa course sur un bloc de ciment mal placé. Après une heure et demie d’attente dans la neige, Boily a finalement été secouru, puis transporté d’urgence à l’Hôpital de Chicoutimi. Vu la nature de ses blessures, il s’est ensuite envolé vers Montréal pour passer sous le bistouri.
Et après avoir subi trois opérations d’une durée approximative de huit heures chacune ー rien que ça ー le «vrai travail» a commencé.
Un séjour de cinq mois à l’hôpital a précédé un parcours de près de deux ans de physiothérapie, au cours duquel il a pu compter sur le dévouement inconditionnel de sa mère.
«Je voyais ça comme un marathon, s’est-il remémoré. Je suis quand même une personne résiliente et persévérante. Les médecins m’ont dit qu’ils ne fondaient pas beaucoup d’espoir que je puisse marcher à nouveau, puis encore moins que je puisse jouer au hockey.»
Puisqu’il prend un plaisir malin à déjouer les pronostics, Vincent Boily a fait mentir ses médecins, et pas à peu près. De retour sur ses pieds, il a fait le tour de l’Australie pendant trois mois, muni de son sac-à-dos.
«Ça m’a aidé à surmonter une grosse dépression et à apprendre à vivre avec un handicap, a-t-il confié. Après ça, j’étais un peu plus ressourcé et j’étais prêt à me lancer dans de nouveaux projets.»
Boily a «clanché» son diplôme d’études collégial, s’est remis en forme en essayant l’aviron et le cyclisme. Il a ensuite découvert sa nouvelle passion : le parahockey.
Chasser l’orgueil
Pour une raison qu’il peine aujourd’hui à expliquer, l’homme de 22 ans était d’abord trop orgueilleux pour monter sur une luge pour pouvoir renouer avec l’amour de sa vie, le hockey.
Rapidement, il a réalisé que «l’atmosphère était pareille, que le but était de marquer dans le filet avec la même rondelle».
Boily n’a pas tardé à chasser la rouille. À la deuxième année de sa jeune carrière de parahockeyeur, il s’est qualifié au sein de l’équipe nationale du Canada. Lundi, lui et 16 autres heureux élus se sont dirigés à Moose Jaw, en Saskatchewan, en vue du Championnat du monde de parahockey.
«On a tous le même objectif. Même si on a tous des histoires différentes, ça nous rassemble. Mais je pense que le but final, peu importe, c’est de gagner une médaille.»
De quoi assouvir la soif d’un compétiteur né, qui a pu transformer le combat d’une vie en batailles dans le coin de la patinoire.
«Ç’a changé ma vie, c’est sûr, a-t-il conclu. C’est vraiment un mode de vie. Je m’entraîne chaque jour. C’est mon salaire, c’est mon boulot. Maintenant, je suis en compétition internationale. C’est très gratifiant.»