Un prix que Mike Bossy aurait mérité il y a 40 ans – TVA Sports

Une fibre nationaliste planait, lundi soir à Montréal, lors du lancement de la biographie 50 jours dans la vie de Mike Bossy alors que la Société Saint-Jean-Baptiste admet avoir réparé une erreur du passé en remettant au défunt hockeyeur, à titre posthume, le prix Maurice-Richard. 

De l’aveu même de Marie-Anne Alepin, présidente de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, «cette remise aurait dû être faite il y a longtemps».

• À lire aussi: La biographie que Tanya Bossy attendait depuis longtemps

Comme il est raconté dans le livre écrit par le journaliste Mikaël Lalancette, avec la collaboration de Tanya Bossy, l’une des filles de Mike, la candidature du joueur des Islanders de New York avait été recommandée pour ce prix en 1982. Afin d’éviter une polémique entourant les origines anglophones [et ukrainiennes] de Bossy, la décision avait été prise de ne pas attribuer le prix alors que le fondeur Pierre Harvey faisait aussi partie des candidats en lice.

«En faisant des recherches pour le livre, on en a parlé à des membres de la famille, dont ma mère, pour comprendre que mon père avait été profondément triste, déçu et affecté, a confié Tanya Bossy, au sujet de cet épisode. On a réalisé que ç’avait eu un impact sur mon père. 

«C’est sûr qu’on aurait voulu que ce soit fait quand mon père était là, mais on ne peut pas changer le passé, a-t-elle ajouté. De combiner cette remise de prix avec le lancement du livre, c’est vraiment parfait. Je suis certaine que mon père est là quelque part.»

50 jours dans la vie de Mike Bossy : entrevue –

En présence du premier ministre

Parmi les invités présents au lancement, le premier ministre du Québec, François Legault, a parlé de Mike Bossy avec admiration. 

«Je suis content qu’il ait une biographie en français et qu’il reçoive le prix Maurice-Richard de la Société Saint-Jean-Baptiste, a noté M. Legault. Comme beaucoup de Québécois, j’aimais Mike Bossy.»

Crédit photo : Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

«C’était le temps, a pour sa part indiqué l’ex-politicien Gilles Duceppe, qui confirme avoir fait souvent la demande à la SSJB pour ainsi honorer Mike Bossy de son vivant. C’est assez extraordinaire. Ce gars-là ne parlait pas français, il arrive avec Laval [dans le hockey junior], il apprend le français et il devient commentateur. Il n’y a pas plus bel exemple d’intégration.»

«Quand je suis arrivée au Québec, j’avais 6 ans, a pour sa part rappelé Tanya Bossy. Mon père aurait très bien pu nous envoyer ma sœur et moi à l’école anglophone, mais il tenait à ce qu’on aille à l’école francophone, au primaire et au secondaire. J’ai d’ailleurs toujours parlé à mon père en français.»

À propos du lancement du livre, elle se sent maintenant soulagée et indique n’avoir plus peur que son père soit oublié.

«Cette crainte-là que j’avais, elle est futile, car le livre est là», a-t-elle mentionné.

Une préface de Gretzky

En signant la préface, le légendaire hockeyeur Wayne Gretzky a par ailleurs mis le doigt sur un autre point important qui se dégageait, lundi soir, lors du lancement tenu dans les bureaux de la SSJB. Il fut un brillant buteur, mais derrière, c’est l’homme de cœur qui a marqué les gens.

«Si j’avais une chose à lui dire, ce serait tout simple, à l’image de l’homme qu’il a été : “Mike, te regarder jouer était une expérience très spéciale, et ç’a été un plaisir de te connaître, de jouer avec toi et contre toi, et surtout d’être ton ami”», écrit Gretzky.

Crédit photo : Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

Au-delà de ses neuf saisons consécutives de 50 buts dans la Ligue nationale de hockey, Bossy prenait particulièrement soin de son épouse Lucie, de ses filles Josiane et Tanya sans oublier ses petites-filles Alexe et Gabrielle. Décédé le 15 avril 2022, Bossy s’était souvent montré réticent à la publication d’une biographie, mais son histoire méritait d’être racontée. Un devoir de mémoire pour sa famille, mais aussi pour le Québec au complet.

«Mike Bossy représente ce dont on a tous besoin, a conclu Marie-Anne Alepin. Si on veut continuer à vivre en français, dans notre culture québécoise, ça nous prend encore plus de Mike Bossy.»

  • Publié aux Éditions de l’Homme, le livre 50 jours dans la vie de Mike Bossy sera offert en librairie à partir de mercredi.