Un Qu̩b̩cois qui veut faire taire ses d̩tracteurs РTVA Sports

BUFFALO | Chaque année au repêchage, des joueurs qui n’ont pas forcément la cote auprès des recruteurs passent à travers les mailles du filet pour déjouer les pronostics et ensuite connaître de belles carrières. Jordan Tourigny fera tout en son pouvoir pour tomber dans cette catégorie.

À sa première saison avec les Cataractes de Shawinigan, en 2021-2022, à 16 ans, le défenseur semblait sur une belle lancée. Il a aidé son équipe à gagner la Coupe du Président avant de filer à la Coupe Memorial et a même représenté le Canada à la Coupe Hlinka-Gretzky, qui regroupe les meilleurs joueurs de moins de 18 ans sur la scène internationale.

S’il a vécu des moments formidables sur le plan du hockey, il reconnaît aujourd’hui que le lourd calendrier a affecté ses performances de la saison dernière.

Résultat? Une chute importante au classement de la Centrale de recrutement de la LNH. À la mi-saison, il logeait au 63e échelon, mais a terminé le parcours au 123e rang chez les joueurs nord-américains.

«C’est juste une liste et chaque équipe a la sienne», a noté Tourigny après ses tests physiques, au camp d’évaluation de la LNH de Buffalo.

Crédit photo : John Morris / Agence QMI

Un joueur différent

Tourigny est évidemment déçu de la tournure des événements, mais il n’entend pas s’apitoyer. Au contraire, il souhaite se servir de cette gifle pour démontrer à ceux qui se sont fait une mauvaise idée sur lui qu’ils ont tort.

«Que tu le veuilles ou non, à 16 ans, c’est dur de vivre une saison aussi longue sans avoir le temps de récupérer et de s’entraîner. C’est souvent là le meilleur moment pour prendre de la masse et de la force. J’ai vécu des expériences incroyables, mais le côté négatif c’est que ça m’a nui à l’entraînement. C’est sûr que ça a paru dans mon année. 

«Quand tu es dans la saison, tu ne t’en rends pas vraiment compte, mais avec du recul, j’aurais peut-être dû prendre quelques semaines de congé. La saison est derrière moi et j’ai donné tout ce que j’avais. Je vais prouver à l’équipe qui va me repêcher qu’elle fait le bon choix. Je vais leur montrer [aux recruteurs] que le gars qu’ils ont vu à 17 ans, ce n’était pas moi», a-t-il fait valoir.

L’exemple du grand frère

Après tout, il n’est pas le premier Tourigny à lutter contre un vent de face. Son frère Miguël a été ignoré deux années de suite au repêchage de la LNH avant que le Canadien lui offre une chance l’an dernier, en septième ronde.

Après avoir disputé la dernière campagne en Slovaquie, il a obtenu au printemps un contrat d’une année avec le Rocket de Laval.

«Mon frère et moi on se parle à tous les jours. Même cet hiver quand il était en Slovaquie, on trouvait le temps pour regarder nos matchs et se faire des commentaires. On est vraiment très proches et il m’a aidé au maximum pour les années futures. Il a vécu des déceptions dans les dernières années et il me prépare mentalement pour que je sois le plus heureux possible.

«Il se fait répéter depuis qu’il est tout jeune qu’il est trop petit, que ça ne marchera pas et qu’il va aller nulle part. Je l’ai tout le temps vu travailler de plus en plus fort pour prouver que les gens avaient tort. De le voir signer un contrat dans la Ligue américaine, c’est tellement motivant pour moi», a raconté Jordan Tourigny en se promettant de suivre son exemple de résilience.

Crédit photo : Martin Chevalier / JdeM

Un ancien attaquant

Ce dernier, qui a notamment rencontré le Canadien lors de son séjour au camp d’évaluation de Buffalo, continue de croire que ses habiletés offensives lui ouvriront la voie. 

D’ailleurs, il y a trois ans à peine, il évoluait comme attaquant avant de se convertir en défenseur, un choix qu’il ne regrette clairement pas.

«Quand la COVID a tombé, ça a coupé mon année bantam. Cette année-là, j’ai changé pour devenir défenseur. Depuis que je suis jeune, quand il manquait un défenseur dans un tournoi d’été ou à d’autres occasions, j’étais toujours le premier à y aller. Ma force, c’est ma vision du jeu et mon QI hockey. J’ai pris la bonne décision», a-t-il souligné. 

Tourigny a fait partie d’une petite délégation de seulement sept joueurs de la LHJMQ invités à Buffalo.