Un titre historique pour Marc-Antoine Pouliot en Suisse

Remporter un championnat, quel qu’il soit, reste l’objectif ultime et le rêve de tout sportif professionnel. C’est ce que le Québécois Marc-Antoine Pouliot a pu réaliser, il y a quelques jours, alors que sa formation, Genève-Servette HC, a été sacrée championne de la National League en Suisse.

«Enfin!», s’est exclamé Pouliot, visiblement ému et enchanté de l’exploit qu’il vient de réaliser, en plein milieu d’un généreux entretien avec le TVASports.ca.

Le Québécois, qui a été un choix de premier tour des Oilers d’Edmonton en 2003, en était à sa 11e campagne en Suisse et sa 18e en tant que hockeyeur professionnel. Outre ses deux victoires à la Coupe Spengler en 2012 et 2016 avec l’équipe canadienne, il s’agissait ainsi d’une première consécration de la sorte. 

«C’est la première fois en Suisse, a souligné l’attaquant qui aura 38 ans dans quelques semaines. C’est ma 17e année (en tant que) professionnel (NDLR : après vérification, 18e), c’est mon premier titre, si on exclut les coupes Spengler que j’ai gagnées, qui est quand même le fun pour le prestige.

«Il m’en reste beaucoup moins que ce que j’ai fait. Enfin, j’ai pu savourer ce moment-là!»

Ainsi, Pouliot devient l’un des rares Québécois à mettre la main sur le trophée remis à l’équipe championne de la première division suisse. Depuis le début du XXIe siècle, ils ne sont qu’une poignée à avoir réussi l’exploit; le plus récent étant Maxim Noreau en 2017. À ce nom, on peut notamment ajouter ceux de Marc-André Bergeron, ex-défenseur des Canadiens de Montréal qui est maintenant le directeur général des Lions de Trois-Rivières dans la ECHL, Simon Gamache, Christian Dubé, à deux reprises, et le très connu Alexandre Daigle, lui aussi à deux occasions.

Pouliot n’a pas été étranger aux succès de son équipe au terme d’une rude bataille de sept duels en finale contre Biel HC, formation pour laquelle il a évolué pendant six saisons, marquant deux buts, dont celui de la victoire, dans un gain de 3-2 lors du quatrième match et à deux autres reprises au terme d’une dégelée de 7-1 lors de la cinquième confrontation. Au final, il a touché la cible à six occasions lors des séries éliminatoires et obtenu deux aides.

«Tous les matchs sont des gros matchs en finale, ils ont tous leur importance, a philosophé celui qui a également la nationalité helvète. D’avoir pu m’impliquer à Bienne quand on perdait 2-1 dans le match 4. Avec (Alessio) Bertaggia et Roger Karrer, on a fait deux fois un peu le même but qui a fait la différence dans ce match, c’est sûr que je vais toujours m’en souvenir.»

Crédit photo : Crédit photo: Nabil Kacem / GSHC

Après 118 ans d’attente

Cette victoire est bien sûr un succès personnel pour Pouliot, mais outre cela, cette victoire était attendue depuis 118 ans à Genève alors que le club n’avait jamais remporté un titre de cette importance depuis sa création en 1905.

Ainsi, les partisans étaient fous de joie alors que la coupe était soulevée à bout de bras par les joueurs de l’équipe sur la Patinoire des Vernets après un match #7 remporté 4-1.

«C’était vraiment cool sur la glace, a confié Pouliot. Après, il y avait un écran géant dans le parking, il y avait deux étages, on a pu se mettre en haut et célébrer avec les fans. Ça fait longtemps qu’ils n’ont pas pu savourer une victoire comme ça. 

«Il y a pleins de vidéos, de photos, donc on a pleins de souvenirs. On est chanceux de pouvoir être à cette époque-là. On va pouvoir avoir ces souvenirs-là gravés à jamais.»

Et le lendemain, les joueurs ont pu célébrer dans les rues de la ville.

«Il y a eu une parade le lendemain, a continué le Québécois. On est allés à la mairie, (on a été) célébrés par la Ville. Ensuite, il y a eu la parade de la mairie jusqu’à l’aréna avec un autobus, une petite parade peut-être d’une demi-heure. Après on est allés recélébrer avec les fans, avec des autographes et tout à l’aréna, dans le parking. Évidemment, avec la famille, les femmes étaient là et tout. C’était vraiment cool.»

Marc-Antoine Pouliot, champion en Suisse –

Comme dans le temps de l’Océanic

S’il s’agissait du premier titre de la carrière professionnelle de Pouliot, ce dernier avait également savouré l’ivresse de la victoire en 2005 alors l’Océanic de Rimouski, dont il faisait partie avec un certain Sidney Crosby, avait remporté le Trophée du Président, remis à l’équipe championne de la LHJMQ.

Même si, ultimement, l’équipe s’était inclinée en grande finale de la Coupe Memorial face aux Knights de London de Corey Perry, les souvenirs de ce parcours resteront à jamais gravés dans la mémoire de Pouliot.

«On avait gagné la coupe du Président, on était vraiment chauds depuis Noël cette année-là, s’est souvenu Pouliot. Je pense qu’on avait perdu un ou deux matchs. On était dans une bulle. D’avoir gagné la coupe du Président avec Rimouski, c’est un moment que je me souviens comme si c’était hier. C’est un peu semblable. 

«Soulever la coupe, célébrer avec l’équipe sur la glace. Malheureusement, on a perdu la coupe Memorial après, en finale. Là, cette fois-ci, on a gagné le dernier match. De ce côté-là, c’est un peu différent. Tu veux toujours gagner ton dernier match, on ne l’avait pas fait, mais on avait quand même eu une saison exceptionnelle.»

Moment spécial en famille

Le Québécois est bien installé en Suisse, lui qui s’est marié et a fondé une famille avec sa femme. Il a pu vivre un moment spécial avec ses deux petits garçons de six ans et demi et quatre ans et demi ainsi que sa fille de 10 mois.

«Tout de suite après, ils sont venus sur la glace. On a pu célébrer ensemble, prendre la coupe, prendre des photos, vraiment des moments inoubliables», s’est réjoui l’attaquant. 

«Après ça, on est sortis. Les enfants sont retournés à la maison, les beaux-parents étaient là, a-t-il rigolé. On est sortis avec les autres couples, avec les autres joueurs, c’était vraiment incroyable.»

Sa petite fille ne se souviendra pas de tout ça. Son plus jeune garçon, peut-être pas. Mais son plus vieux risque d’avoir des souvenirs en tête au plus grand plaisir de son père.

«C’est quelque chose qui va peut-être changer sa vie à long terme, a rêvassé Pouliot. De voir son papa gagner. Je l’espère.»

Le Québécois, avec un contrat en poche pour l’année prochaine avec Genève-Servette, tentera de défendre le titre acquis cette saison. Malgré la victoire et les célébrations, Pouliot devra descendre de son nuage et se mettre au travail assez rapidement.

«J’ai une autre année minimum pour défendre mon titre, a-t-il souligné. C’est super de savourer des moments de victoire. En bout de ligne, dans quelques jours, il va falloir redescendre sur Terre et se préparer pour l’année prochaine.»

Mais Pouliot peut encore rester un peu sur son nuage, personne ne lui en tiendra rigueur, car remporter un championnat, ça n’arrive pas tous les jours.

Voyez certains passages de l’entrevue avec Marc-Antoine Pouliot dans la vidéo ci-dessus.