Une poursuite contre Water Polo Canada
Dénonçant le manque de soutien de leur fédération dans des cas d’abus et de harcèlement, quatre anciennes joueuses de l’équipe nationale canadienne de water-polo ont intenté une poursuite au civil de 5,5 millions $.
Selon le réseau TSN, les quatre femmes, Sophie Barron La Salle, Katrina Monton, Stephanie Valin et «A.A.», ont déposé leur déclaration officielle à la Cour supérieure de l’Ontario le 29 avril. Leur document a été transmis jeudi à Water Polo Canada.
Dans le document, les plaignantes ont décrit en détail certains des actes commis entre 2004 et 2016 par d’anciens entraîneurs et membres du personnel de Water Polo Canada.
C’est la fédération qui est officiellement poursuivie pour avoir encouragé un climat toxique dans ses rangs. Quatre hommes, Baher El Sakkary, Daniel Berthelette, Pat Oaten et Guy Baker, sont néanmoins mentionnés pour leurs actes reprochables.
«C’était une culture marquée par la colère, la violence, l’intimidation, les abus sexuels, la honte du corps, la pression de boire avant l’âge, et l’abus d’alcool. Chaque entraîneur adulte masculin a tiré parti du déséquilibre de pouvoir entre eux et les jeunes athlètes féminines dont ils ont la charge dans le but d’atteindre les résultats de haute performance aux dépens du bien-être physique, psychologique et émotionnel des athlètes», peut-on lire dans la poursuite, toujours selon le média canadien.
De nombreuses menaces
Berthelette aurait plusieurs fois menacé d’être violent à l’endroit des athlètes ou des membres de leur famille afin d’obtenir des résultats dans la piscine. L’entraîneur adjoint aurait également émis le souhait d’avoir des relations sexuelles avec plusieurs joueuses afin de «déterminer si elles étaient lesbiennes ou non».
Oaten, quant à lui, est l’entraîneur actuel de l’équipe nationale masculine, lui qui a dirigé le programme féminin de 2002 à 2012. Il aurait minimisé les blessures ou les maux des athlètes et aurait discuté ouvertement de sa vie sexuelle.
Baker, l’instructeur de 2012 à 2014, aurait déjà classé en ordre les membres de l’équipe selon ses critères de beauté. Il se serait fait très critique à l’endroit des performances des joueuses, leur rappelant sans cesse qu’il pouvait les laisser tomber n’importe quand.
Les noms de plusieurs autres personnes ont été mentionnés dans le rapport pour ne pas être intervenues après les dénonciations des joueuses. Celles-ci disent devoir composer avec les conséquences physiques et émotionnelles des abus, mais également avec des idées suicidaires, des troubles de mémoire, des attaques de panique et des problèmes de confiance envers les autres.
Water Polo Canada a adhéré à la plus récente mouture du Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (CCUMS), qui date de 2019. Sur son site web, la fédération a dit «s’engager envers tous ses athlètes et toutes les personnes impliquées dans le sport de toutes les formes d’abus, de harcèlement, d’intimidation ou de discrimination».
L’organisation n’a pas commenté officiellement le dossier ni effectué de contre-poursuite. Les quatre joueuses seront représentées par le cabinet d’avocats torontois Gillian Hnatiw & Co.