Une Russe déçue du public français à Roland-Garros – TVA Sports

La Russe Daria Kasatkina, qui ne s’est jamais gênée pour critiquer son président Vladimir Poutine et la guerre, n’a pas compris pourquoi elle avait été huée après sa défaite face à l’Ukrainienne Elina Svitolina, en huitièmes de finale.
Au terme de la rencontre, remportée en deux manches de 6-4 et 7-6 (5) par Svitolina dimanche, Kasatkina n’a pas serré la main à son adversaire, comme celle-ci ne le fait plus avec les Russes et les Bélarussiennes, dont le pays soutient l’invasion de l’Ukraine.
«J’ai été huée parce que j’ai respecté le choix de ma rivale de ne pas serrer la main», a écrit la neuvième favorite à Roland-Garros sur Twitter, lundi.
Devant la foule sur le Suzanne-Lenglen, Kasatkina s’est immédiatement dirigée vers l’arbitre dès la fin du match, avant de lever un pouce dans les airs en regardant Svitolina.
Cette dernière lui a répondu en faisant le même signe. Malgré ce discret geste, la Russe de 26 ans a été conspuée, comme si les spectateurs ne connaissaient pas son historique et croyaient qu’elle ne voulait pas féliciter l’une des favorites de la foule, l’épouse du Français Gaël Monfils.
«Elle est courageuse»
Kasatkina s’est toujours opposée à la guerre en Ukraine, étant l’une des rares athlètes russes à s’être exprimée aussi clairement sur le sujet.
«Bien sûr, je l’ai saluée, et je la remercie pour la position qu’elle a prise, a dit Svitolina, qui a donné naissance à une petite fille il y a à peine sept mois. Bien sûr, je reconnais ce qu’elle a fait, elle est courageuse. Elle s’est exprimée publiquement, il n’y a pas beaucoup de joueuses qui l’ont fait. Elle est courageuse.»
La neuvième joueuse mondiale est aussi sortie du placard publiquement, révélant son homosexualité pendant que des politiciens russes discutaient d’un projet de loi interdisant notamment du contenu LGBTQ+ au cinéma.
«Elina et moi avons montré du respect mutuel, et après avoir disputé un fort match, quitter le court de cette façon aura été le moment le plus difficile de ma journée», a ajouté Kasatkina sur Twitter.
«Soyez meilleurs, aimez-vous les uns les autres. Ne répandez pas la haine. Essayez de faire de ce monde un endroit meilleur. J’aimerai toujours Roland-Garros, peu importe. À l’année prochaine», a-t-elle aussi écrit sur le réseau social.
Face à une Bélarussienne
Pour sa part, Svitolina retrouvera la Bélarussienne Aryna Sabalenka en quarts de finale. La numéro 2 mondiale n’a d’ailleurs pas rencontré les médias, dimanche après sa victoire contre l’Américaine Sloane Stephens.
C’est la deuxième fois de la quinzaine que Sabalenka obtient une dérogation pour ne pas respecter ses engagements avec les journalistes.
Elle avait mentionné il y a quelques jours qu’elle ne s’était pas sentie «en sécurité» lors de sa conférence de presse mercredi. L’athlète de 25 ans n’avait pas voulu répondre aux questions au sujet de la guerre en Ukraine, se contentant de plusieurs «Pas de commentaires».
«Je l’ai dit maintes fois, que ce soit les athlètes bélarussiens ou russes, personne ne soutient la guerre, avait mentionné Sabalenka au début du tournoi. Comment peut-on soutenir la guerre? Absolument pas. Pourquoi faut-il dire haut et fort ce genre de chose? C’est évident. Si on pouvait y mettre un terme, on le ferait tout de suite. Malheureusement, cela ne relève pas de nous.»
Des propos insuffisants selon son adversaire au premier tour, l’Ukrainienne Marta Kostyuk, qui avait été huée pour ne pas avoir serré la main de la Sabalenka.
«Elle ne dit jamais qu’elle ne soutient pas cette guerre personnellement. Si les journalistes lui demandaient qui va gagner la guerre, je ne crois pas qu’elle va répondre l’Ukraine», avait réagi Kostyuk, tout en précisant que Sabalenka, qui pourrait devenir numéro 1 mondiale au terme du tournoi parisien, pourrait se servir de son statut de vedette pour faire avancer les choses.