Une soirée presque parfaite
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Ce n’est pas obligé d’être compliqué la lutte professionnelle. Une bonne histoire, une bonne exécution, de bons acteurs et le tour est joué.
C’est ce à quoi nous avons eu droit samedi soir, lors de l’événement Elimination Chamber, tout particulièrement dans cette finale opposant le champion Universel incontesté de la WWE, Roman Reigns, et l’aspirant au titre, le Québécois Sami Zayn.
On n’a pas vu un million de pirouettes ou des manœuvres si complexes que même les commentateurs de surf des neiges auraient eu de la misère à les décrire.
Pendant 32 minutes, les deux hommes nous ont plutôt donné une leçon de lutte 101. Un bon vilain, un héros local, de l’action, des revirements, de faux espoirs, des surprises, si bien que même si plusieurs amateurs se doutaient du résultat final, ils se sont laissés prendre au jeu et à certains moments, ont cru qu’on allait couronner un nouveau champion.
Et c’est ça la magie de la lutte.
Ce n’est pas de croire que ce qu’on voit est vrai, c’est plutôt d’embarquer dans l’histoire et d’oublier qu’il y a un scénario et une chorégraphie en arrière de tout ça.
Était-ce le scénario idéal? Non.
Le scénario idéal aurait été Sami qui remporte le titre. Mais ça n’a jamais été une possibilité. Même lorsque le journaliste affecté à la couverture du Canadien et maniaque de lutte, Guillaume Lefrançois, a demandé à Paul Levesque en conférence de presse si après vendredi soir et l’ovation que Sami a reçu, il avait reconsidéré sa décision, Levesque a tenté de contourner la question et s’en est habilement sortie. Parce que la réponse courte aurait été: «Non!»
D’ailleurs, Sami a parlé de cette finalité en conférence de presse.
«Je me sens étrange. Et cela pourrait être le thème récurrent de ces réponses, a-t-il déclaré. C’était une fin un peu malheureuse ce soir et je mentirais si je disais que cela ne m’a pas affecté. C’est un rêve devenu réalité… vous avez toujours un rêve où il va dans une certaine direction, puis vous vous réveillez juste avant. C’était comme un rêve, un rêve devenu réalité, c’était surréaliste… c’est tout ce que vous ne pourriez jamais vouloir. Et il y a une certaine fin à tout ça. Et ce n’est pas ce qui s’est passé ce soir. Et je ne peux pas agir comme s’il n’y avait pas une petite partie de moi qui dit comme ah, j’aurais aimé pouvoir donner cette fin. Pour les amateurs, pour cette histoire, pour moi-même, pour ma famille, pour Montréal. Je sais ce que c’est, nous savons tous ce que c’est, mais une partie de tout ça demeure réelle.»
Mon collègue Bertrand Hébert me rappelait ce matin que lorsque le combat s’est terminé, c’était comme si on avait évacué tout l’air du Centre Bell, qu’on avait pu sentir l’énergie tombée d’un seul coup, que ce n’était pas une fin à la Georges St-Pierre, qui était présent d’ailleurs et qu’on a pu voir encourager Sami, accompagné par un autre Québécois, le journaliste Ariel Helwani.
C’est tout ce qui aurait pu faire passer ce moment de merveilleux à parfait. Parfait pour Montréal, parfait pour Sami Zayn, mais la WWE pense à ce qui est le mieux pour elle à long terme. À tort ou à raison, Cody face à Roman pour le titre à WrestleMania est ce qui est le mieux pour elle.
Tout ne peut être parfait dans la vie et au bout de compte, les gens vont se souvenir de ce match et de tout ce qui s’est passé à Montréal depuis quelques jours pendant longtemps et pour les bonnes raisons. C’était vraiment une soirée presque parfaite!
Les Uso à Montréal…de même que KO!
Pour tous ceux et celles qui disaient haut et fort sur les réseaux sociaux que les frères Jimmy et Jey Uso n’y seraient pas, vous aurez été confondus comme disait le Capitaine Bonhomme.
Je me suis toujours gardé une certaine gêne en lien avec leur présence à Montréal, car ce n’est jamais clair ces choses-là. Techniquement, le dossier de conduite en état d’ébriété de Jimmy devrait lui rendre la vie beaucoup plus compliquée que celui de Jey. Mais avec les bons formulaires, les bonnes explications, une promesse, j’imagine, que les deux ne conduiront pas et qu’ils sont ici que pour un court laps de temps, ça demeurait une possibilité, mince selon moi et très dépendante de la décision du douanier, qui a le dernier mot malgré tout.
C’est pour cela que Paul Heyman la semaine dernière à SmackDown a dit aux Uso de demeurer à la maison. On ne savait pas encore s’ils étaient pour être corrects. Mais par vendredi soir, je savais qu’ils étaient en ville.
Ce fut aussi le retour du Québécois Kevin Owens, qui avait eu un rôle plus effacé depuis le Royal Rumble, au point de ne pas apparaître une seule fois à la télévision depuis.
Et c’est peut-être la seule chose que je trouve dommage. Kevin a tellement milité à l’interne pour que la WWE vienne avec un gros événement comme celui de samedi soir, il a tellement travaillé fort en amont pour bien représenter sa province et à la fin de la journée, on ne l’aura vu que quelques minutes à la fin de la soirée. Pas de combats en deux soirs. Pas de segments au micro non plus. Tout reposait sur les épaules de Sami cette fois-ci.
Vers les titres par équipe
La façon que le tout s’est terminé, il est de plus en plus clair que les deux Québécois s’en vont vers un match de championnat face aux Uso. Car Roman Reigns n’est pas le seul à détenir un titre unifié, ses cousins aussi.
Et avec le coup de lance que Sami Zayn a fait, accidentellement, à Jey Uso à la toute fin, sans compter l’implication de Kevin Owens après le combat, c’est clairement là qu’on s’en va.
Sérieusement, c’est un match qui pourrait faire la finale de la première soirée de WrestleMania. Un match par équipe en finale de Mania, on n’a pas vu ça depuis le tout premier, alors que Hulk Hogan et Mr. T avaient affronté Roddy Piper et Paul Orndorff. Mais si un match a la bonne historie et les bons acteurs pour le faire, c’est bien les Uso, Kevin et Sami.
Je verrais très bien comme scénario les Uso perdre les titres le premier soir et Reigns perdre le sien le deuxième soir et ensuite, assister à l’implosion ou la reconstruction du Bloodline.
À suivre!
Logan Paul, Asuka et Edge
Dans les autres combats, j’ai particulièrement aimé le match dans la chambre d’élimination pour le titre des États-Unis. Bien exécuté, spectaculaire à certains moments, comme avec Montez Ford, et une fin surprenante, alors qu’on a chorégraphié une blessure à Ford, question de laisser la porte de la cage ouverte plus longtemps et ainsi, permettre à Logan Paul de venir attaquer Seth Rollins. Austin Theory est donc demeuré champion et tout est en place pour un match entre Paul et Rollins à WrestleMania.
Asuka a pour sa part remporté son combat dans la chambre d’élimination, pour ainsi affronter la championne féminine de Raw, Bianca Belair, à WrestleMania. C’était le seul choix possible.
Brock Lesnar a été disqualifié après 4 minutes 40 secondes, dans un match qui ne passera pas à l’histoire, mais qui nous laisse avec des questions. Est-ce que Brock affrontera Lashley à WrestleMania dans un match sans disqualification? Ou bien est-ce que nous aurons droit à un match triple menace incluant Bray Wyatt, qui avait défié le gagnant du combat la veille?
Finalement, comme je l’avais prévu, Edge et Beth Phoenix ont défait le duo composé de Rhea Ripley et Finn Balor, alors que le lutteur canadien a couvert l’Irlandais pour la victoire. Cela permettait deux choses: faire gagner une figure populaire à Montréal, tout en protégeant Ripley pour son match avec Charlotte Flair.
Un excellent événement, qui va certes nous faire oublier le dernier spectacle majeur que la WWE nous avait présenté en 2009, Breaking Point.
À quand le prochain?