Une victoire en l’honneur des soldats tombés au combat
«Encore ce soir, c’était encore plus qu’un match de hockey.» Evgheniy Pysarenko se tenait devant les journalistes, lundi soir, après que l’équipe ukrainienne eut confirmé une victoire de 2-0 sur les Wolves de Roumanie pour poursuivre leur route au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec.
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Mais le sourire ne lui venait pas facilement.
«Nous avions une très, très grande motivation ce soir», a-t-il répondu à un collègue qui lui demandait s’il avait senti que ses joueurs étaient moins nerveux, lundi que samedi dernier pour leur premier match, qui a eu lieu dans un Centre Vidéotron rempli de spectateurs.
Cette motivation: jouer pour un de leurs coéquipiers, dont le père est au combat, mais aussi pour Yehor Kosenko, dont le sien est décédé au front il y a quelques semaines.
Pour forger l’image, les Ukrainiens avaient accroché un drapeau du pays derrière leur banc. Sur la portion jaune de ce dernier était inscrit le nom des pères de l’attaquant Mykyta Staskevitch et du gardien Matvii Kulish, toujours au front à défendre la liberté de leur pays.
Pourquoi sur le jaune? Pour signifier qu’ils sont encore au sol, vivant.
Sur la partie bleue ont été écrits les noms des pères de Kosenko ainsi que du papa d’un jeune joueur de hockey, ami du groupe, lui aussi décédé récemment au combat.
«Le bleu, c’est pour représenter qu’ils sont au ciel maintenant», explique Pysarenko.
Ce drapeau a été présenté aux joueurs avant le match.
«Quand il [Kosenko] a vu le nom de son père, il s’est mis à pleurer. Tout le monde s’est levé et lui a fait un câlin. Ça été le silence pour quelques minutes», ajoutait l’entraîneur.
Ils leur ont fait honneur
Malgré l’émotion du moment, les jeunes Ukrainiens sont parvenus à continuer à rendre leur pays fier en l’emportant face à des Roumains coriaces.
Maksym Kukharenko et Ivan Bilozerov ont marqué pour les vainqueurs, qui disputeront leur prochain match vendredi matin, 8h, face aux Flames du Vermont.
Mais ce prochain match était bien secondaire. Ce qui comptait, c’est que Staskevitch, Kulish, Kosenko et tout le reste de l’équipe ukrainienne soit parvenue, à nouveau, à faire honneur à leur pays et à ceux qui le défendent.
Kulish a réalisé un jeu blanc pour l’occasion tandis que Staskevitch s’est fait complice du deuxième but des siens.
«L’Ukraine va gagner la guerre. Elle va finir, et après ce sera la paix», a lancé ce dernier, après la rencontre, rappelant pour une énième fois que leur présence au Tournoi pee-wee va bien, bien au-delà du hockey.
Victoire nécessaire
De l’autre côté, les jeunes roumains, en larmes, voyaient leur rêve prendre fin, et Pysarenko sympathisait avec eux. Résident de la Roumanie depuis 20 ans, il connaissait la majorité des jeunes Wolves.
«Je les voyais pleurer après le match et j’étais vraiment désolé pour eux parce que je travaille avec plusieurs d’entre eux en Roumanie. Je connais leurs parents et leurs entraîneurs mais, en ce moment, nous avons besoin de cette victoire plus qu’eux.»
Et par «nous», il parlait probablement d’un pays tout entier.