US Open: Félix Auger-Aliassime se confie sur la pire période de sa carrière – TVA Sports

NEW YORK | Félix Auger-Aliassime avait affirmé, peu après sa défaite au premier tour à Wimbledon, en juillet, qu’il vivait «l’une des périodes les plus difficiles de sa jeune carrière». Depuis Londres, trois autres revers se sont ajoutés à la fiche du Québécois, et il a troqué le «une» pour un «la» dans sa réponse, vendredi au US Open, lorsqu’il a été interrogé au sujet de ses insuccès des derniers mois. 

«Oui. Oui, oui. C’est sûr qu’au niveau tennis, ce l’est», a répondu Félix à un confrère qui lui demandait s’il traversait «LA» période la plus difficile de sa carrière. 

Il y a bien sûr eu cette blessure au genou gauche qui a gâché une bonne partie de cette saison 2023. 

Mais guéri depuis quelques semaines, Félix aurait aimé que «ça aille plus vite, mieux», durant ses récents tournois, que ce soit à Washington, Toronto ou même à Cincinnati, là où il a finalement signé sa première victoire depuis le 24 mai, avant de perdre au deuxième tour. 

Sans doute parce que c’est ce à quoi il est habitué. Progresser, toujours, rapidement. Car en dépit de certaines mauvaises passes qu’il a traversées par le passé, la carrière du Québécois avait toujours gagné en rythme dans les dernières années. Jusqu’à cette saison. 

«Par la preuve de mon classement, chaque année avait toujours été mieux que la dernière. Et à la fin de l’année passée, je m’étais dit que tout rentrait en place, je joue bien, je suis en train de devenir le joueur que je voulais être», a-t-il expliqué aux journalistes québécois attablés avec lui près d’une fenêtre du centre des médias du US Open. 

Dégringolade rapide

Dehors, la grisaille ambiante rappelait davantage le All England Club que Flushing Meadows, où le soleil est souvent écrasant à la fin août. 

Il pleuvait en début de journée, vendredi, mais le Québécois a tout de même pu s’entraîner dehors pendant une heure avec l’Italien Jannik Sinner, sixième mondial du haut de ses 22 ans, un sommet en carrière que Félix avait d’ailleurs aussi atteint au même âge, l’an dernier. 

De ce sixième échelon sur l’ATP, qu’il occupait encore en début d’année, Auger-Aliassime a chuté au 15e rang, lundi passé. 

Ses cinq revers à ses six derniers matchs, ses deux maigres gains depuis le 24 mai et sa fiche de 14-14 cette saison l’ont rapidement fait dégringoler dans la hiérarchie du tennis masculin. 

Aucune raison d’être frustré

Devant les journalistes, toutefois, le jeune joueur demeurait calme, posé, réfléchi, même si, bien sûr, les questions tournaient principalement autour de ses insuccès. 

Après tout, ça ne sert à rien de se fâcher, même après une défaite, a-t-il sagement souligné.

«Des périodes difficiles, j’en ai vécu par le passé. Mais ça ne m’a jamais vraiment servi d’être très, très en colère, a raconté le Montréalais. Ça m’est déjà arrivé de l’être après une défaite auparavant, mais j’ai trouvé qu’après, tu appréhendes tellement une autre défaite, parce que tu vas encore être en colère comme la dernière fois, que tu ne peux pas te faire autant de mal quand tu perds.»

«Sur le moment, quand je perds, c’est sûr que je suis frustré. Mais là, au moment où l’on se parle, on est vendredi après-midi, je viens d’aller m’entraîner, et il n’y a aucune raison d’être frustré.»

Avoir la mémoire courte

Pas trop de bas, donc, malgré cette saison qui prend une triste tangente depuis plusieurs mois. Mais pas trop de hauts dans la victoire non plus. 

Ainsi, ce gain contre l’Italien Matteo Berrettini, signé au premier tour à Cincinnati, Auger-Aliassime l’a rapidement chassé de son esprit, même si «c’était bien sur le moment de gagner».

Crédit photo : Photo Getty Images via AFP

«Il faut avoir avec la mémoire courte, a-t-il analysé. Victoire ou défaite, j’essaye de laisser le passé derrière moi. J’essaye plutôt de me concentrer sur ce qui fonctionne bien dans mon jeu et d’anticiper ce que je vais devoir faire pour bien jouer ici, autant dans mon état d’esprit que dans ma façon de jouer.» 

Pas la même confiance qu’avant

Parmi ce qui fonctionne moins bien dans la façon de jouer de Félix, cette saison, il y a sa gestion du match dans les moments clés. 

Le Journal le soulignait la semaine dernière, en se fiant à ses statistiques: le Québécois peine notamment à effacer les balles de bris qu’il doit affronter, même si son service constitue la plus belle arme dans son arsenal. 

Contre le Français Adrian Mannarino, à Cincinnati, Auger-Aliassime en a échappé trois en six occasions. Une semaine plus tôt, face à l’Australien Max Purcell, à Toronto, il en a cédé deux en quatre. 

Bien sûr, les statistiques ne veulent pas toujours tout dire, mais cette fois, «FAA» l’a confirmé: pendant que les défaites s’accumulent, sa confiance dans les moments cruciaux diminue. 

«Ça s’explique mal, mais il y a des moments dans des matchs, comme à la fin de la dernière saison [quand il a gagné trois titres de suite], où j’ai cette sérénité, où je sais que je vais m’en sortir. Je peux être mené 0-30, même 0-40, et on a l’impression que le jeu est terminé, mais je me dis “non, non, non, je vais trouver le moyen”.»

«Et c’est sûr que dans les dernières rencontres, dans les moments difficiles, j’étais un peu moins confiant que j’allais trouver la solution. Et je pense que c’est comme ça pour tous les joueurs. Il y a des moments où tu n’arrives pas à te sortir des situations compliquées.» 

Une carrière, un marathon

Dans son analyse, Félix a d’ailleurs insisté sur l’emploi des verbes au passé. 

Sans doute parce que là aussi, il préfère avoir la mémoire courte. Mais également parce qu’il assure se présenter à New York, où il a atteint le carré d’as il y a deux ans, «dans le meilleur état d’esprit possible»… dans les circonstances. 

«Je sais que la réalité est telle que telle, mais je tente de rester positif malgré tout. Mes entraînements se passent bien, alors j’espère pouvoir montrer de belles choses sur le terrain.»

«Il me reste encore pour plus de 10 ans sur le circuit. Une carrière, c’est vraiment un marathon», a-t-il aussi dit, sourire en coin, comme pour rappeler qu’il arrive même parfois aux coureurs en tête du peloton de devoir reprendre leur souffle en pleine course. 

▶ Son US Open, Félix Auger-Aliassime l’amorcera lundi, contre l’Américain Mackenzie McDonald, qui, du haut de ses 28 ans, a atteint son plus haut sommet en carrière en début de semaine, soit le 39e rang. Les deux joueurs se sont affrontés en 2022, sur le gazon de Halle, et le Québécois s’était imposé 7-6 (7) et 6-1.